A PROPOS

Originaire de l'Oise, Stefan Bodar vit aujourd'hui à Amiens en France. Son parcours universitaire l'amènera à s'intéresser et à étudier tout particulièrement le processus artistique chez les personnes en marge de la société qui n'ont aucune formation artistique mais, pour qui, l'art est un moyen d'être en lien malgré tout avec le monde, la société et surtout une façon d'exister. Il commence sa pratique artistique par la peinture abstraite avec déjà l'idée de transposer picturalement des émotions dans un style direct. La peinture l'initiera à la composition de l'image, puis il se tournera vers la photographie qui lui permettra un travail plus interactif dans la rencontre avec l'autre. Il mettra au travail son regard, sa curiosité et ses émotions. Plusieurs thèmes récurrents apparaissent alors : la relation à l'autre (humain), à la société, l'ailleurs et la trace identitaire.

A travers ces thèmes, son style s'ancre principalement par des vues frontales marquant ainsi la confrontation de son regard avec le réel. Les cadrages en grand angle rendent compte de la nécessité d'ouvrir l'espace à la réflexion et à l'impression de vide et d'étrangeté qui parfois en découle. Ses clichés mettent également en évidence une perspective, un horizon qui invite la notion de l'inconnu. La recherche autour du cadrage et les mises en scènes, témoigne de l'importance donnée à la composition de l'image. Au même titre qu'une toile, le cadre délimite une esthétique et une émotion propre qui rend compte du regard de l'artiste. Les compositions épurées, travaillent la symétrie et disposent les différents sujets dans l'environnement ou par rapport à l'environnement, renforçant ainsi l'idée d'une dialectique entre le photographe, le sujet, l'autre et l'espace.

Des photographies épurées, mettant à distance, indiquent tout autant la méfiance que la curiosité et l'observation et donc la nécessité du contact. C'est là tout l'objet de sa réflexion sur la place de chacun, ni trop loin, ni trop proche. Ses clichés ne sont pas moins à taille humaine toujours à égale hauteur avec les sujets photographiés, à l'écart de tout jugement, la motivation est davantage la compréhension et la captation de l'humain et son environnement.

Son travail s’est construit et a évolué à partir du souvenir de la photographie argentique. Ce processus de développement où le temps apporte une valeur au résultat final, véhicule le souvenir d’une réalité qui traverse le temps. Le temps se suspend et chaque photo peut s’imprégner d’une certaine poésie. C’est ce qui guide l’artiste, il revendique qu’une photographie peut se penser, se construire dans le temps, être habité d’émotion, se garder, se regarder.